Lomnica, Rakúsy

 

Lundi 4 mai 2018, Kežmarok

Le voyage de retour, est comme tous les retours au pays. Rapide, tout le monde dort, on ne sent pas le temps passer, et c´est la descente à Rakusy. Il est pas loin de 13 heures. On est passé par la Pologne, alors on arrive par les Tatras. Ensuite tout décharger à l´école, et enfin, à la maison. Il est 18 heures. Le téléphonne sonne. C´est le père de Vladko, le plus jeune gamin de la troupe. Il vocifère que que-est-ce que c´est que ca, comment qu´on a osé faire de son fils un clochard, il a perdu du poids pendant qu´il était pas là, on lui a donné la pièce, alors que les autres, ils ont eu des billets, il ne viendra plus jamais avec vous! Je suis dans un tel état que je n´arrive même pas à m´énerver, je l´envoie gentiment et calmement se balader et je continue à respirer doucement en fermant les yeux. Enfin, à la maison. Vraiment, en partant, je n´étais pas certain de pouvoir vivre cet instant. Il faut dire que Helena et moi, nous n´étions pas au top au niveau de la santé en partant. D´ailleurs, exceptionnellement, j´ai pris une assurance santé pour nous deux, au cas ou. Heureusement, elle n´a servie à rien...

Tout au long de la tournée, lors de chaque spectacle, nous avons vendus des BD, des livres photos et des CD. Ça nous arrive jamais. Bien qu´on a de la camelote, je n´y pense pas forcément, et après un spectacle j´ai vraiment la tête ailleurs qu´ à penser à vendre des CD. C´est dommage, car ca peut faire des sous, pas mal de mes collègues sont très performants en ce sens et n´oublient jamais d´annoncer après un concert qu´il y a ceci ou cela à acheter en sortant de la salle… moi, j´oublie à chaque fois. Ça fait près de 50 ans que ca dure, alors tant pis pour moi. Cette fois-ci, il en a été autrement. Tout simplement parce que nous avions avec nous une petite équipe de „commerciaux“ qui se sont très bien chargés de la vente promotionnelle de nos produits de communication et ont tenu à chaque étape un petit stand qui a fait merveille auprès de nos fans. Cette mission était remplie par Martina et Roman, deux nouveaux-venus dans notre troupe. Alors, en fin de tournée nous nous retrouvons avec un petit pactole, généré par la vente des CD et des bouquins. Dimanche, lorsque nous nous sommes levés, après quelques heures de sommeil pour l´ultime spectacle à Lunéville, tous sur les genoux, mais sans un mot ni regard de refus, prêts à y aller de nouveau, nous avons décidé avec Hélene de partager une part du gain de la vente entre les jeunes. Les grands ont fourni des efforts considérables, ils se sont comportés d´une manière exemplaire, ils ont bossés comme de vrais professionnels. Que dis-je, bien mieux que des professionnels, qui sont la plupart de temps blasés et ne pensent qu´aux sous, ici c´était tout le contraire, un élan incroyable,et jamais un mot sur ceci ou cela… Alors, à nos yeux ils méritent amplement une récompense, et puisque, exceptionnellement, nous en avons la possibilité, nous allons la leur donner. Nous faisons vite fait une répartition qui nous semble juste, chacun selon son mérite. On ne veut pas laisser les tous nouveaux sans rien, alors, symboliquement nous leur laissons de quoi s´acheter des chewing-gum et des bonbons. D´ou la réaction du paternel de Vladko, qui a eu du mal à digérer que son gamin de 11 ans n´a pas été traité à la même enseigne que par exemple Stefan, qui en a 28, et qui a fourni un travail sans comparaison aucune avec Vladko, qui nous a constitué un boulot à le surveiller sans cesse… Mais ça, le père, ça ne l´intéréssait pas, pas plus que comment tout s´est passé, comment s´est comporté son fiston... Il en est resté à sa frustration, dans sa malédiction. C´est un cas tout ce qu´il y a de plus banal. Ce n´est pas la première, ni la dernière fois que ça arrive. Au moment du coup de fil, on le sent passer un peu, mais après ça passe vite, ça ne nous prend plus la tête comme avant, et on passe à autre chose. Lors de nos retrouvailles avec le groupe, une petite semaine après êtres rentrés, on en parle quand même. Voyez, rien de spécial, la norme du bidonville. La malédiction mutuelle dans tous les sens et de tous les côtés en permanence. On est tous passé par là. C´est pour ca qu´on fait ce qu´on fait. Si tu veux un peu d´amour, il faut d´abord que tu saches en donner… Pas de problème. On est sur la même longueur d´ondes...