juillet

 

Habituellement, après un retour de tournée nous marquons une pause, pour récupérer un peu après toutes ces aventures et aussi pour rattraper tout ce qui nous attend à la maison comme „dossiers“ et „affaires“ à resoudre. Mais là, malgré le fait que la tournée ait été très exigeante, il n´y a pas besoin de repos spécial, la bonne tournure de tout le séjour compensant les usures physiques. Helena se charge des rattrapages, surtout au niveau de son travail, à l´école de Košice, et nous, eh bien nous, on continue comme si de rien n´était, on se réunit, on répète, on fait des spectacles, pratiquement sans marquer de pause acune après le retour de tournée. Notre retour est ausi marqué par un autre retour, celui de Perska et Babovka, et leur petite fille Eliska, de même pas un an. Leur retour est d´autant plus exceptionnel, qu´une règle dure comme du fer, veut que tout couple, pour marquer sa nouvelle situation sociale de couple officiel, romp avec tout ce qui symbolisait sa vie d´avant, donc en premier lieu le groupe, et ne prend plus part ni aux répétitions, ni aux spectacles. Ce qui est, bien sûr, dommage, pour le groupe, mais aussi et surtout pour les intéréssés eux mêmes, qui perdent ainsi ce contact et cet échappatoire aux quels ils étaient habitués depuis de longues anneés. Alors, que Perska et Babovka reviennent, constitue un événement en soi. Ils reviennent sans explication aucune, comme ça, l´air de rien. Babovka, de son vrai nom Dominik, babovka veut dire petite brioche, on n´a jamais su pourquoi il a eu ce sobriquet, et Perska, de son vrai nom Nikola, perska est dérivée de couche pour bébé, pareil on ne sait pas pourquoi on l´appelle ainsi depuis son enfance, s´investissent à fond dans les répétitions. Babovka organise les venues aux répétitions et prend en main les garçons, je suis surpris par son sens pédagogique naturel, comme danseur il ne sortait pas du rang, mais en tant qu´instructeur il tient très bien la route, il y a de la logique et du rationel dans son approche pédagogique et il obtient rapidement des résultats en tant qu´instructeur avec les nouveaux. Perska, sa compagne, est aussi une ancienne du groupe, elle est le personnage féminin central du reportage d´Arte, avec des répliques très pertinentes qui sortent de sa tête, on ne lui a rien soufflé, tout vient d´elle. Perska a une voix puissante et perçante, elle chante juste et a un bon sens du rythme. Plus un solide caractère, qui fait qu´elle remplit parfaitement la scène. Pour nous, elle est un apport très appréciable au niveau musical, son talent et ses dispositions vocales font qu´enfin, j´ai un partenaire valable au niveau musical, et avec elle, je peux même palier au manque de musiciens, qui est flagrant ces derniers temps. Donc, même sans musiciens, uniquement avec ma balalaïka, et sa voix comme support, nous pouvons tenir une répètition ou un spectacle, les autres s´alignant sur nous. Perska et Babovka apportent avec eux leur petite fille Eliška, qui n´a même pas encore un an, mais fait déjà partie de notre panoplie de spectacles, elle a instantanément intégrée notre troupe, sans le moindre problème ni en coulisses, ni sur scène. Perska se débrouille pour allaiter quand la petite a faim, et ce même en pleine représentation, et le reste suit tout seul. Ils amènent avec eux aussi Nikolas, le petit frère de Perska, qui a le même talent et la même voix que sa grande soeur, et à eux deux ils constituent une solide base musicale pour le groupe. Nous assistons ainsi aux premiers pas d´Eliska, qui se passent sur scène, lorsque Perska, sa maman, la pose par terre pour mieux se saisir du micro pour chanter, eh bien, tout à coup, la petite se reléve toute seule et se met à déambuler au milieu des danseurs, ensuite, comme une pro, lorsque Perska la reprend dans ses bras, elle s´accroche au micro et elle n´est pas en reste au niveau vocal avec ses onomatopés de bébé pour imiter maman… Tout cela, tranquilement, en plein spectacle, devant les spectateurs ébahis, qui n´en reviennent pas de ce naturel de la vie tsigane qui se déroule sous leurs yeux. Oui, le groupe constitue un spectacle en soi, même en dehors de la scène. Lorsque nous arrivons à cinquante, cela ne passe pas inaperçu, on n´a pas l´habitude de voir un tel attroupement de tsiganes, pacifiques, déambuler comme si rien n´était. Je suis le seul adulte à mener cette procession, Helena est au travail, mais tout se passe bien, malgré la masse de nouveaux qu´on amène toujours avec nous, il n´y a pas de problème, avec les grands on arrive à gérer les petits et tout se passe bien. Parfait pour améliorer l´image des Roms aux yeux du grand public, ce qui est aussi un de nos objectifs de base. Lorsque nous nous produisons en Slovaquie, quand il n´y a pas d´enjeu particulier, j´en profite pour amener en spectacle un maximum de mômes, tant qu´il y a de la place dans le bus, autant le remplir. On prend tout le monde, même ceux qui ne possédent pas vraiment le répertoire, même les tout petits, cela constitue une occasion pour eux de sortir de leur bidonville, d´être pour la première fois dans le grand monde. Et si nous avons aussi un repas d´offert, alors là, c´est le pied, manger dans un restaurant, avec des couverts, à ceux qui n´en ont encore jamais vus, on montre comment s´en servir, et le panier à souvenirs est plein…

A signaler l´aimabilité des organisateurs et du patron du restau du Musée de l´habitat traditionnel de Stara Lubovna, qui nous ont restauré au complet, malgré que nous soyons 39 au lieu des 30 prévus initialement.
 

 
 

Ce festival nous a été proposé bien a l´avance, en début d´année scolaire passée. Difficile de se prononcer a l´époque sur une éventuelle participation aussi lointaine. Mais nous avons pris la date, sachant que cette saison il n´y aurait pas de sorties d´été, normalement nous devrions être de retour de la tournée de mai juin, alors on devrait être en forme. Bien que des réserves  ne pouvaient qu´etre émises sur l´éternelle question de la disponibilité de la musique pour le spectacle. Et il en fut ainsi. Tout le monde était disponible et motivé, plein de nouveaux, je dirais même de visiteurs, car ils n´ont pas encore vraiment participé aux répétitions, mais puisqu´il ne s´agissait pas d´un enjeu notoire, pourquoi pas ne pas les prendre pour qu´ils aient une première expérience avec le groupe. Plus tout un paquet de tout petits, ca va sans dire... Tous, sauf Palo, notre synthé du moment, qui m´a envoyé le soir de la veille un SMS, comme quoi il doit partir au travail, remplacer son père qui vient d´avoir un coup de reins subit. Belle surprise, mais somme toutes, pas trop inattendue, plutôt même dans la logique des choses... Il aurait pu partir deux heures plus tard, ca lui aurait permi de venir avec nous, mais, pas possible. Déja beau, qu´il ait envoyé un message. Alors, ne reste qu´a partir en formation de crise, juste Eric a la basse et moi. Et encore, il faut espérer que Eric sera la. Rasto, qui jurait de nous "rendre service" au premier coup de fil, si on en a besoin, nous a fait savoir qu´il doit rester a la maison, en attente d´une livraison de camion a décharger qui peut venir a tout moment au cours de toute sa vie... Peu importe s´il a publié ensuite des photos sur le fb en train de glaner l´apres-midi a rien faire. Et pourtant, ses potes, Vladko, et d´autres, étaient la, avec nous, ainsi que Maria et Stana... C´est vraiment a rien y comprendre, juste a enregistrer le résultat tel quel, on se retrouve totalement affaiblis, compter sur Roman, pareil, même pas la peine d´y songer. 

Finalement, c´était une belle sortie, familliale, avec toute cette maramille, la petite Eliška de Perska et Babovka, y compris. En musique, on s´en est sorti, mon ancienne balalaika a rendue l´ame, alors j´ai du arranger une autre, pour qu´elle soit plus percutante, mais au moins elle n´était plus aussi impossible a accorder que l´ancienne, et un minimum de harmonie était audible, et bien qu´amoindris par l´absence du synthé, nous avons pu assurer l´essentiel en soutien musical.