Tomblaine

La ville de Tomblaine, pratiquement banlieue de Nancy, dans l´Est de la France, est intimement liée à l´histoire de Kesaj Tchave. Ou plutôt, l´histoire de Kesaj Tchavée doit beaucoup à Tomblaine, et cela en la personne du Maire de la ville, Hervé Féron.
Hérvé était le premier partenaire qui nous a invité en concert à l´étranger. Cela a eu une énorme répércussion sur la vie du groupe. Cela a conditionné son évolution et son existence. 
Hervé Féron nous a invité en 2003 à son Festival des Rencontres Théâtrales, "Aux Actes Citoyens!". Sans nous connaitre, sans avoir vraiment besoin de nous. Juste comme cela. Parce qu´une bonne fée lui l´a suggérée... 
Cette bonne fée, c´était Annie Huvet, enseignante en école mobile, auprés des populations des Voyageurs de la région de Nancy. 
J´ai rencontré Annie à l´occasion d´un symposium international sur les Roms, qui se tenait à Prešov, ou j´étais convié en tant que traducteur - interprète, remplacant en catastrophe la personne initialement choisie. C´était un symposium tout ce qu´il y a de plus classique, que de la théorie, sans grand rapport avec la pratique, les experts francais devaient nous apprendre comment apprendre à lire et à écrire aux enfants tsiganes, et nous dire comment faire avec les médiateurs roms... alors, que l´on sait pertinament quelle est la situation sur le terrain - une scolarisation pratiquement à 100% en Slovaquie, contre un état déplorable en Frace, et à l´époque on comptait les médiateurs roms slovaques par centaines, alors que du côté francais on les comptait sur les doigts d´une main... Mais peu importe, c´est l´Europe qui dit comment faire, et surtout, qui finance ce genre de projet faramineux...
Inutile de dire, que tout cela ne nous passionait guere, et dès qu´une occasion s´est présentée, j´ai invité Annie Huvet, et Marie Canizo chez nous, à Kežmarok. Elles ont assisté à une répétition du groupe, trés rudimentaire, ça en n´était qu´aux balbutiements... mais il n´en a pas fallut  de plus pour qu´elles tombent sous le charme des gosses, et Annie a promis d´en parler à ses amis, pour essayer de nous faire sortir sur une scène internationalle. Aussitôt dit, aussitôt fait. Un mois plus tard, nous reçevions l´invitation pour participer au XII-èmes Rencontres Théâtrales de Tomblaine, le Festival "Aux Actes Citoyens!".
Ce fut fantastique, merveilleux, inoubliable! Tout, pour la premiere fois. Cela a été le véritable coup de démarrage du groupe, tel qu´on le connaît aujourd´hui. 
Annie et Hervé resteront à tout jamais les parains du groupe. Sans eux, on n ´en serait pas là...
Un grand, tres grand MERCI !!!

 

KESAJ A TOMBLAINE

Hervé Féron

Tomblaine 2003

 

On les a vus un soir de Mai arriver,

A TOMBLAINE ils ont débarqué

Ils avaient de longs cheveux noirs

Et de grands yeux chargés d’histoires

 

Ils avaient tant de choses à nous offrir

Des chansons, du cœur et des sourires.

Ils avaient fait un si long voyage

Ils s’appellent les enfants KESAJ.

 

Qu’il soit danseur ou musicien, comédien

L’artiste n’a pas de frontières

Alors YVAN, toi qui vient de si loin

La musique fait de nous des frères.

 

Très vite, on s’est dit qu’ils étaient des nôtres

Car on est tous le Rom de quelqu’un d’autre

Ils nous portaient un sacré message,

Le message des enfants K E S A J.

 

Nous sommes par la suite revenus plus d´une fois a Tomblaine. Toujours recus les bras ouverts... Mais, ou que l´on aille, c´est toujours un peu comme si on allait a Tomblaine... Nous savons que sans cette premiere étape, il n´y en n´aurait jamais eu d´autres... 
 
 
Le temps passe vite...les années défilent... Hugo, le fils de Hervé Féron devait avoir dans les quatorze ans lors de notre première venue à Tomblaine. A l´époque, Dagmar, notre danseuse et chanteuse étoile est tombée sous son charme, et lui a proposé tout de go de se marier avec lui. Il n´en revenait pas, ne savait pas comment réagir, ne connaissait pas les us et coutumes des tsiganes. Il croyait que c´était une blague, mais Dagmar le pensait le plus sérieusement du monde. Bon, on est repartis sans mariage et la vie a continuée comme avant. 
Bien des années après on s´est de nouveau retrouvés, déjà sans Dagmar, mariée entre temps, et Hugo, lui, est devenu chanteur compositeur. Il démarrait une carrière dans le show business et préparait son premier CD. Parmi les titres choisis, figurait Kesaj Tchavé, sur un texte de son père, Hervé, et sur une mélodie à nous,  Oj Devla lel, qui figurait sur notre CD à nous. L´arrangement musical de Jean-Michel Vaicle était plutôt réussi, et lors de notre passage par Tomblaine en hiver 2014, au retour d´Olympia, nous avons enregistré les coeurs avec tout le Kesaj. Par la suite Nicoletta a aussi enregistrée une piste sur la chanson. Bien sur, lors de notre spectacle à Tomblaine nous avons fait monter Hervé et Hugo, père et fils, sur scène avec nous...
 
KESAJ TCHAVE
Hervé Féron
2014
 
Il était une fois, il était une fée,
La fée Kesaj, Kesaj est le nom d´une fée
Tsigane qui dit que :
"Pour recevoir de l'Amour
il faut d'abord savoir en donner"
Et Tchave, en langue Romani,
ce sont les enfants, les enfants Kesaj,
Kesaj Tchave !
 
Ils sont venus de loin, du froid,
ils ont surgi dans ma vie,
A la magie d´un chant qui déchire la nuit,
Ils sont beaux, ils sont fiers, insouciants,
Ils sont Roms, libres comme le vent !
 
Des gosses de la rue,
qui vous portent l´Amour à cueillir,
Ils n'ont rien mais ils sont prêts à tout offrir,
Ils chantent et ils dansent, comme des dieux,
Moi je veux, chanter, danser, comme eux !
 
Refrain
 
Kesaj Tchave tel est leur nom,
la musique est leur maison,
Ils ne vivent que pour la danse et les chansons,
Miracle de la fée Tsigane,
Kesaj Tchave, ce sont les enfants Kesaj !
 
Leurs grandes robes qui tournent et volent,
qui virevoltent tout en couleurs,
Misère cachée et le soleil au coeur,
Kesaj Tchave, les étoiles dans les yeux,
Moi je veux chanter, danser comme eux !
 
Refrain
 
Oui mais leur seule vrai liberté est de devoir
voyager,
Sur un violon léger comme la soie,
Ils sont passés, ils ont décampé,
Leur sourire est là, et j´entends leurs voix...
 
Refrain ad libitum...

 

Culture  

dimanche 5 décembre 2021 11:10 

Kesaj Tchavé, c'est l'histoire d'un groupe d'enfants tziganes qui chantent et dansent. Fondé par le musicien Yvan Akimov en 2000, il est encadré par une association rom qui réunit, à travers des activités artistiques, des jeunes des colonies tsiganes de la région des Tatras, en Slovaquie orientale. 

Je suis devenu ami avec Yvan Akimov. A l'époque, ces enfants étaient pour la plupart "étiquetés" handicapés mentaux dans leur pays par racisme, pour qu'ils ne puissent pas aller à l'école avec les autres enfants. Ils vivent dans un état de grande précarité. Ceci est une réalité actuelle de l'Europe. 

Après notre rencontre, les enfants Kesaj ont fait des tournées dans l'Europe entière, engendrant un enthousiasme extraordinaire, leur joie débordante et communicative mettant le feu à un public pantois ! A l'époque, Hugo F a écrit une chanson qui raconte leur histoire et Nicoletta a même chanté sur le premier album d'Hugo F, avec lui, sur cette chanson... 

Les enfants Kesaj ont ensuite joué à l'Olympia à Paris les 29 et 30 novembre2014. Un documentaire de deux heures, relatant cette histoire extraordinaire (même si les enfants et leurs familles sont toujours aussi pauvres...), a été diffusé sur en 2014 sur ARTE, intitulé "les enfants de la fée". En 2017, une bande dessinée "le paradis des yeux" raconte l'aventure du groupe et de son fondateur. 

Après ma remise de médaille de Chevalier des Arts et des Lettres, Yvan Akimov m'a adressé une lettre qui m'a bouleversé. C'est un peu prétentieux de la diffuser, mais j'ai plaisir tout de même à vous la faire partager. 

Hervé Féron