Ouest France

Des musiciens roms soutenus par des Angevins

  • « Après avoir vu les Kesaj Tchavé en concert, j'ai eu envie de les aider. On m'a proposé de rejoindre Yepce et c'est ce que j'ai fait. » Pierre Moisan, aujourd'hui président de l'association, accompagné de Jenny Brossier, secrétaire et trésorière.
    « Après avoir vu les Kesaj Tchavé en concert, j'ai eu envie de les aider. On m'a proposé de rejoindre Yepce et c'est ce que j'ai fait. » Pierre Moisan, aujourd'hui président de l'association, accompagné de Jenny Brossier, secrétaire et trésorière. | 

Musique, danse, chant : le groupe Kesaj Tchavé sait tout faire. Ces jeunes Roms de Slovaquie ont donné un concert endiablé à Angers, jeudi soir. Ils sont aidés par l'association angevine Yepce.

L'histoire

La guinguette du Héron carré, jeudi dernier, à 19 h. Les Kesaj Tchavé y investissent la terrasse en bois, ouverte sur le parc Balzac.

Vêtus de chemises et robes colorées, ces jeunes Roms, garçons et filles âgés de 8 à 25 ans, frappent par leur facilité à créer une ambiance musicale avec peu de choses. Ils chantent, exécutent des pas de danse coordonnés, tapent dans des caisses et jouent du clavier, dans un rythme imposé par la balalaïka de leur mentor, Ivan Akimov (lire ci-dessous).

Yepce, de la Bretagne à l'Anjou

L'histoire de l'association Yepce est intimement liée aux Kesaj Tchavé. Elle est née à Rennes en 2004, sous l'impulsion de Johann Leberre, illustrateur, et Sébastien Fraboulet, vidéaste. « À cette époque, dix pays entraient dans l'Union européenne. Les deux fondateurs ont voulu fait un tour d'Europe pour rencontrer des musiciens et sont tombés sur les Kesaj Tchavé », raconte Pierre Moisan, qui préside aux destinées de Yepce depuis 2012.

Aider ce groupe à tourner en Europe est devenu le but principal de l'association, qui se destinait à l'origine aux échanges culturels en Europe (Yepce signifie Youth european project for cultural exchanges). Son siège déménage à Angers en 2011, après l'installation du Morlaisien Pierre Moisan dans la ville et le passage des Kesaj Tchavé aux Accroche-coeurs. « On a eu beaucoup de bons retours de ce concert, et c'est une région propice aux musiques du monde. »

Ivan Akimov organise les dates des concerts du groupe en France. Quant à Yepce, « nous leur apportons des outils de communication (blogs, affiches), et un soutien économique et logistique pour leurs tournées », signale Pierre Moisan. Les sources de financement ? Des subventions publiques, mais aussi des événements comme le village des saveurs des Accroche-coeurs.

Peu à peu, les Kesaj Tchavé se font connaître : ils ont même fait l'objet d'un documentaire sur la chaîne Arte, ou ont joué à l'Olympia avec les Ogres de Barback. Prochain objectif : « Trouver une résidence dans une salle de concert à Angers pour le groupe. »

Des enfants marginalisés

La mission de Yepce, à travers les Kesaj Tchavé, c'est l'ouverture aux autres cultures. « Ces tournées permettent à ces jeunes de voir le monde, de vivre là où il y a des règles,explique Jenny Brossier, trésorière de l'association. Les Roms vivent en marge dans les pays où ils résident, en France comme en Slovaquie. Mais le groupe possède cet outil festif formidable qui permet de fédérer les gens. Après le concert, on espère que les spectateurs repartiront chargés d'émotions ! »

Mission réussie. Jeudi soir, devant les jeunes Slovaques ravis d'être là, le public tapait des pieds et frappait des mains. Rien de mieux qu'un concert pour faire tomber les barrières et les stéréotypes.

Valentin PASQUIER.