Spartacus et Cassandra

Spartacus et Cassandra est un chouette document qui relate plusieures années de pérégrinations a travers la vie de deux jeunes roms roumains dans la périférie parisienne. Les deux jeunots ont fait partie du groupe Kesaj Tchave a des moments donnés. Bien que ce ne soit pas relaté dans le document, ce n´est pas grave, le film est tres réussi et donne a entrevoir la face cachée de ces destins de la rue...

 
 
 
 

SYNOPSIS

Spartacus et Cassandra, deux enfants roms, sont écartelés entre un havre de paix qu'est le monde d'un cirque et la rue où leurs parents vivent du côté de Saint-Germain-des-Prés. Le petit garçon et la petite fille, inséparables, se débattent avec la justice française, qui a demandé à l'Aide Sociale pour l'Enfance de les prendre en charge. Sous la protection de Camille, ils mettent leurs parents, imprégnées par la religion pentecôtiste, face à leurs responsabilités...

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 11/02/2015

« A 1 an, je marchais... A 3 ans, mon père était en prison... A 4 ans, je faisais la manche avec ma soeur... A 7 ans, je suis arrivé en France... » La voix de Spartacus ouvre ce documentaire comme le « il était une fois » d'un conte. Aujourd'hui, ce gamin rom a 14 ans. Avec sa soeur cadette, Cassandra, il a trouvé refuge dans un cirque de la banlieue de Paris, sous la protection de Camille qui s'est improvisée éducatrice parce qu'elle refuse qu'il n'y ait pas d'avenir pour ces deux gosses-là. Marcher sur un fil n'est pas qu'un numéro d'équilibriste sous un chapiteau : pour certains enfants, c'est l'histoire d'une vie.

Très vite, Spartacus et Cassandra se retrouvent face à un choix. Rester avec leurs parents : un père alcoolique qui ne rêve que de partir en caravane ailleurs, toujours ailleurs, et une mère un peu folle qui vend du muguet fané sur le trottoir. Ou accepter, comme le juge les y engage, leur placement dans une famille d'accueil. La loi du sang, même toxique, ou l'intégration et ses contraintes : aller à l'école, devenir sédentaires et sages...

De ce dilemme, le réalisateur fait un film de mouvements : caméra à l'épaule, il suit ses merveilleux petits héros dans leurs doutes, leurs colères et ces moments radieux où, en pleine nature, ils abandonnent leur incroyable maturité pour des gestes de l'enfance. Cassandra, petite princesse gitane aux ongles roses, veut voir la France comme un eldorado : dans le poème qu'elle a écrit et qu'elle récite (moment suspendu, bouleversant), une maison, soudain, devient l'inverse d'une cage. Spartacus, petit guerrier insoumis et jeune auteur de rap, hésite encore : a-t-il le droit d'être heureux quand ses parents, eux, restent condamnés à l'errance et usent du chantage affectif ? Le film, douloureux, lumineux, refuse la fatalité de ceux qui sont nés pour n'être chez eux nulle part. Et défend le droit de chaque enfant, même « du voyage », à planter un arbre qu'il pourra voir grandir. — Guillemette Odicino

 

 

Rap de fin de Spartacus

C’est comme la guerre pour avoir la paix
Ne vous étonnez pas si demain on pète les cloisons
On m’a dit petit « t’es mal barré, t’es pas au bon arrêt
« fallait pas être né,
maintenant tu vas trimer »
« tendre des mains pour manger,
casser des vitres pour voler »
« Attrapé par les flics pour être jugé »
« placé en foyer pour être éduqué »
On m’a dit « petit, t’as le choix »
« Soit tu restes là jusqu’à crever,
soit tu remontes dans le bus avec les gadjés »
Visite guidée des beaux quartiers
On se croirait à Euro Disney
Elle est belle leur société
À les croire
on devrait tous se l’arracher
Et par tous les moyens s’y insérer
Papa, j’ai choisi, et j’arrête pas de pleurer
Je m’accroche à ma promesse
je reviendrai
On vivra pas comme des rois, jamais, rêve pas papa
En Roumanie, t’auras jamais de villa
Je nous construirai un petit nid
de quoi vivre tranquille à l’abri
J’ai 16 ans Papa, j’ai la rage
La prof m’a annoncé, que j’pouvais pas aller au lycée
Je fais du rap de vérité
Je sais bien qu’ça touche pas les gadjés
Je leur dis que je vais réussir
Que même un Rrom peut s’en sortir
Mille fois on a failli mourir
Voilà ce que je veux leur dire
Mon peuple n’est pas mort
Il va venir
C’est comme la guerre pour avoir la paix
NE vous étonnez pas
si demain on pète les cloisons
ça va faire un an que je ne t’ai pas vu
On a fini par savoir que t’étais en prison

Au moins là-bas t’arrêteras peut-être la boisson
Gardes la tête en l’air Papa
Je viendrai pas te voir au parloir,
pour te raconter la liberté
L’école me fait péter les plombs
à les entendre,
je serais le dernier des cons
Je repense à ma vie d’avant sur le terrain
Sparta, « Il sait écouter, il sait parler »
C’est toujours moi qui négociais
Ça les a pas empêché de nous foutre dehors,
Et certains, en plein hiver sont morts
A quoi ça sert de parler si ça nous empêche pas de crever ?
Je suis exclu de votre société, malgré ma volonté
J’ai cru à votre idée
J’ai quitté mes parents, j’ai tout renié
Qui décide d’intégrer ?
C’est toi qui vas juger si je t’ai mérité ?
C’est ma tête qui te revient pas,
le français que je parle, qui vient de trop bas
c’est la pauvreté qui te fais peur
Les gens sans argent ont tellement rien
qu’ils pourraient voler ton bonheur
C’est pas ta pitié que je mendie
Tu risques pas de crever, parce que tu m’ souries
c’est ton cœur qui chaque jour rétrécie
Quand j’étais petit, je pensais qu’on était des gens à part
On avait les plus belles maisons de Roumanie
du bois partout et des toits en miroirs
Je pensais que les autres étaient jaloux
et que pour cette raison ils s’attaquaient à nous
alors on est parti en France,
les bagages légers et plein d’espérance
Un jour, vous entendrez une voix
Une voix que personne
ne pourra taire.
Les flics et les ministres ne vous feront plus peur
Vous les regarderez en face
Les poings serrés
Il sera l’heure